La Gazette a croisé… Les Mondes de Diptyque
Publié le 21 septembre 2023
Il y a Laurence Sémichon, Senior Vice-Présidente chez Diptyque. Et il y a Cristina Celestino, designer italienne invitée par la Maison à donner naissance à « Les Mondes de Diptyque », ses cinq premières bougies rechargeables. Votre fidèle Gazette les a rencontrées. Et puisqu’il s’agissait de parler de « mondes », on s’est amusée à croiser les leurs.
Cristina Celestino et Laurence Sémichon
©Le Bon Marché Rive Gauche
La Gazette : Comment vous êtes-vous rencontrées ?
Laurence : Nous suivions le travail de Cristina depuis de nombreuses années. Je me souviens notamment très bien de l’un de ses vases, nommé « Anna » qui nous obsédait depuis sa sortie. C’était une exploration autour du marbre, dont les couches se superposaient. Il était très innovant, tout en respectant la tradition et la majesté de ce matériau. Comme tout ce que nous imaginons chez Diptyque, ce vase confrontait la vision d’un artiste au travail de la nature. Mais il faut parfois être patient pour rencontrer les bonnes personnes au bon moment. Avec « Les Mondes de Diptyque », on a su que ce serait ici, et maintenant.
Cristina : C’est drôle que tu rebondisses sur ce travail autour du marbre, car c’est l’une de mes références qui mêlent le mieux plusieurs mondes, justement : la nature, l’art, une forme de profondeur… C’est ce que je m’évertue à insuffler à chaque objet. Et puis, j’ai rencontré Laurence et cette formidable Maison. J’ai été happée par son héritage, mais encore davantage par son mystère. C’est une marque qui ne dévoile pas toutes ses cartes. C’est très inspirant.
Les objets Diptyque se sentent, se voient, se touchent, s’entendent parfois ! Quelle place avez-vous accordée à cette sensorialité pour la laisser transparaître dans votre travail ?
Cristina : J’ai évidemment joué avec les matériaux, comme le verre. Chez moi, le sens esthétique compte, mais les autres sens comptent tout autant. J’aime penser la façon dont on peut jouer avec la lumière, mais aussi l’emplacement ou l’aura des objets que je crée. Une bougie n’est pas qu’un design, c’est, aussi, un objet utilitaire. On les allume, on les éteint, on les change de place, on les observe ou on les oublie. Rien n’est plus versatile et j’ai adoré travailler chacune de ces dimensions.
Laurence : Tu as très vite parfaitement compris ce que Diptyque était : des objets à « faire vivre » en plusieurs étapes. Ce que tu as fait transforme la bougie au fil du temps. Comme la partie supérieure est transparente, la flamme s’enfonce progressivement dans le verre, jouant de ses épaisseurs. La flamme anime l’objet, lui donne une âme. C’est presque méditatif, et c’est ce qu’on a adoré avec ta proposition, Cristina.
Cristina : J’aime bien cette idée de « transformation » de la bougie. Il en va de même pour son capot. On le pose sur le dessus lorsque la bougie n’est pas utilisée, et on le glisse sous la base quand on l’allume. C’est une manière de pousser chacun à toucher cet objet, à le faire sien.
L’art serait alors le premier « monde » Diptyque. Quels sont les cinq autres que vous avez imaginés en développant la collection de bougies rechargeables « Les Mondes de Diptyque » ?
Laurence : On a cherché partout ce qui rendait le monde beau. Des endroits réels, certes, mais qui une fois encapsulés permettent de voyager de chez soi. Mêler nature et culture est au cœur de l’expérience Diptyque. On associe toujours les deux et c’est exactement ce dont ces cinq mondes sont faits. Prenons la bougie « La Forêt Rêve », par exemple. Il s’agit d’un jardin-forêt de la campagne mexicaine, où un poète et un auteur ont installé des sculptures surréalistes. Aujourd’hui envahi par la végétation, on peut encore le visiter. Olivia Giacobetti, notre nez chez Diptyque, l’a interprété de façon surréaliste, elle aussi. C’est si complexe, comme odeur ! Il y a de l’ylang-ylang, du jasmin… mais le résultat n’est pas commun, comme si elle avait donné naissance à une fleur surréaliste. L’idée de « Les Mondes de Diptyque » était de transmettre la sensation, l’émotion d’un lieu, au-delà de son odeur. Faire ressentir le soleil, l’humidité, une impression. Et Cristina, tu as réussi à imaginer quelque chose de très fort autour de ça.
Cristina : Comme tu le dis très bien Laurence, je me suis attachée à transmettre un souvenir — la mémoire d’un lieu. Pour « La Forêt Rêve », j’ai pensé à un jardin romantique et tropical. Dans un autre registre, la nuance de « Nymphées Merveilles » est légèrement bleutée, pour suggérer l’eau et la pierre que l’on sent si bien dans la bougie. J’ai voulu illustrer ces cinq lieux-mondes.
Laurence : J’aime beaucoup cette idée d’illustration. Tu as illustré ces lieux en les figeant dans un objet iconique, fait pour durer.
N’est-ce pas là l’objectif de chaque designer de créer des objets qui résistent aux affres du temps, aux tendances, aux modes ? Les objets Diptyque en sont une excellente illustration… Quelle est votre recette pour imaginer des pièces intemporelles, Cristina ?
Cristina : Ma recette, c’est le dialogue. Je mène des recherches extensives sur l’histoire de la marque avec laquelle je collabore. Jusqu’à la respirer, devenir « elle ». C’est en découvrant le véritable ADN d’une marque que je peux en retranscrire l’essence. Je veux comprendre et sentir ce qu’elle est vraiment, plutôt que ce qu’elle projette d’elle-même à un instant T.
Laurence : Cristina a passé un temps dans nos archives, boulevard St-Germain !
Cristina : Bien sûr. Et c’est ce qui m’a permis d’en apprendre beaucoup ! Ce qui m’a marquée, c’est la liberté des trois fondateurs de la marque. Leur première boutique, par exemple, était un véritable laboratoire d’expérimentations. Ils travaillaient toutes sortes de matières, dont des textiles. L’ovale iconique de Diptyque apparaît par exemple pour la première fois sur une pièce de tissu. Avec eux, tout se mêle : leurs voyages, leurs rencontres… Je me suis inspirée de cette grande liberté, mise au service de la créativité.
La collection « Les Mondes de Diptyque » est d’ores et déjà disponible au Bon Marché Rive Gauche. Un partenariat de longue date entre le Grand Magasin et votre maison. En quoi est-ce le lieu idéal pour proposer ce nouveau volet de la saga Diptyque ?
Laurence : Le Bon Marché a toujours été là. C’est un lieu si fort, si proche de nos valeurs. Les liens entre l’art et la culture sont évidents. Je suis toujours impressionnée par ce mythique escalier croisé, dessiné par Andrée Putman. C’est définitivement l’écrin idéal pour notre marque et cette collaboration.
Cristina : Pour ma part, je me rappelle une anecdote. J’étais jeune designer, il y a près d’une dizaine d’années, et l’une des marques vendues au Bon Marché avait sélectionné l’un de mes objets pour son espace. Quelle émotion ! C’est le rêve de tout designer de voir ses créations dans un endroit comme celui-ci. Et je suis heureuse d’y revenir avec Diptyque aujourd’hui.