L’interview-café de Jeanne Signoles, fondatrice de L/UNIFORM

Rencontre
Rencontre

Publié le 11 octobre 2024


L’interview-café est un rendez-vous mensuel de La Gazette du Bon Marché. Et par « rendez-vous », on veut dire qu’il est à la fois digital et physique — un moment partagé en magasin, que l’on vous raconte ici. 

 

En ce mois de rentrée, nous donnons rendez-vous à Jeanne Signoles chez Grace Café, direction le premier étage du Bon Marché Rive Gauche. Cela tombe bien, la fondatrice de L/UNIFORM connaît bien Annabelle Halimi, à l’origine de la cuisine méditerranéenne du restaurant. « Bonjour ! » ou « Les enfants vont bien ? » : ici, Jeanne connaît tout le monde. Quelques minutes plus tard, nous voilà installés sur les confortables banquettes du restaurant. 

Rencontre

La Gazette : Bonjour Jeanne, vous semblez être au Bon Marché comme à la maison et connaissez à peu près tout le monde. Vous venez souvent ici ?


J’habite à deux rues du Bon Marché et je suis une fidèle cliente. Au lancement de L/UNIFORM je n’avais pas vocation à être présente dans les grands magasins. J’ai choisi Le Bon Marché, c’est tout. Cela fait 9 ans maintenant que nous nous faisons confiance.


— Après avoir commandé un café latte, Jeanne nous raconte l’évolution de cette rencontre. Un espace qui s’agrandit au fil des années pour donner à voir son savoir-faire. 

Il y a 10 ans, vous avez créé L/UNIFORM. Comment définiriez-vous votre marque ? 


L/UNIFORM c’est du quotidien de luxe. 7 couleurs de toile, 15 couleurs de bordure, 11 couleurs de cuir et une infinité de combinaisons. Nous n’avons pas l’ambition de proposer des sacs de mode, mais des pièces intemporelles qui passent bien les saisons. Lorsque j’ai lancé la marque il y a 10 ans, personne ne faisait de sacs en toile. Aujourd’hui toutes les Maisons de luxe ont minimum une référence dans cette matière.


“Faire du quotidien” : c’est assez avant-gardiste, comment vous est venue cette envie de créer des pièces à la croisée de l’utile et du luxe ?


Je n’étais pas destinée à créer une marque. Je viens du monde de l’économétrie mention aéronautique et spatial. Moi initialement les sacs, je les utilise et c’est de cet usage que j’ai voulu créer une marque capable de m’accompagner dans mon quotidien. Chez L/UNIFORM nous avons un sac pour les commissions ou un cartable pour enfant : des pièces qui répondent à de vrais besoins.


— Nostalgique, Jeanne revient sur sa première création : le sac à commission de sa grand-mère. Une inspiration de celui acheté dans une droguerie, en tartans rouge et noir avec une poignée suffisamment longue pour un porter épaule. L/UNIFORM a créé sa propre version : premium, contrastée, indispensable. 



Toutes vos pièces sont en toile, pourquoi cette matière ? 


C’est une matière utile, pratique, légère, lavable et éthique. Nous sommes des faiseurs de toile. Je suis fascinée par le Japon qui en a développé une vraie culture. Je pense que c’est ce souci de l'emballage du tissu, des sacs dans un sac qui m’a inspiré. Les pièces L/UNIFORM sont pensées pour tous les jours et pour toujours, autant se faire que peu.

 

Qu’est-ce qui vous fascine dans la culture japonaise ? 


Ce souci de la réparation à l’image de la méthode Kintsugi [art japonais de réparation de céramique avec de la poudre d'or, NDLR]. Chez L/UNIFORM nous avons ce souci de l’objet qui dure. Nos ateliers créent les pièces et sont donc les mieux placés pour les réparer. Depuis toujours, nous proposons une option de personnalisation dans près de 50 couleurs. Un marquage qui peut se faire discret, à l’intérieur de son sac, une attention que l’on se fait pour soi.


— Jeanne s’amuse à nous confier l’anecdote d’une cliente, journaliste et grande voyageuse. Au bout de quelques années, la sangle de son sac présentait quelques zones abîmées. Leur atelier a pu le magnifier par un ajout de cuir de la même teinte, cousu à la main pour entourer l’endroit usé. 

Vous avez en effet votre propre atelier de fabrication. Vos artisans utilisent des techniques et un savoir-faire précis et exigeant. Pouvez-vous nous en parler ?


C’est important de travailler avec des personnes que l’on connaît et dont nous apprécions le savoir-faire. Nous travaillons notre toile tissée en piqué-retourné : la couturière fait l’intérieur du sac et le retourne ensuite. Toutes nos pièces sont ainsi bordées à l’intérieur ce qui signifie qu’il n’y a pas de fils apparents. Elles pourraient se porter recto-verso. Nous créons également nos propres couleurs. Cela requiert de nombreuses étapes de préparation, de finition, de conditionnement. Tout cela participe à la préciosité de notre marque. Nous dévoilons d’ailleurs bientôt une nouvelle couleur de toile et de cuir.  


L/UNIFORM c’est finalement des pièces assez simples puisque quotidiennes, mais qui sont créées avec le souci du détail. Tout semble être minutieusement pensé et cela illustre votre positionnement et votre place au sein du Bon Marché.  


C’est bien résumé ! Rien n’est laissé au hasard surtout lorsqu’il s’agit d’une marque de luxe. C’est une question de priorité que l’on donne à sa vie. Je préfère avoir peu, mais avoir bien. Que mon sac soit durable autant dans le temps que dans sa conception. J’ai besoin de trouver et de donner du sens à ce que je fais. Je suis très sensible aux détails, aux sons, aux touchers, aux couleurs. La simplicité est un luxe, une forme d’exception. 


— Le zip des sacs L/UNIFORM ? Jeanne l’a choisi en l’écoutant d’abord, en le touchant ensuite. Un son agréable et des gestes du quotidien facilités. Pour Jeanne Signoles, ces détails n’en sont pas.


Oh ! Bon Marché