L’interview-café de Prune Goldschmidt
L’interview-café est un rendez-vous mensuel de La Gazette du Bon Marché. Et par “rendez-vous”, on veut dire qu’il est à la fois digital et physique — un moment partagé en magasin, que l’on vous raconte ici.
Ce mois-ci, rendez-vous est pris à 15h30 avec la créatrice Prune Goldschmidt, au 2e étage, chez Rose Bakery.
© Prune Goldschmidt par Benoit Auguste
Une pause mode
— Prune Goldschmidt arrive, pleine d’énergie, ravie de pouvoir expliquer un projet qui lui tient à cœur. Elle s’assoit et prévient d’emblée : “je suis très bavarde”. Après avoir commandé un jus de fruit pressé, composé de gingembre (qu’elle adore !), de carottes et de pommes, elle déroule.
Bonjour Prune, vous êtes bien installée ? Qui êtes-vous ?
Je suis créatrice de mode féminine. Et j’ai une obsession : magnifier le corps des femmes. Mon vestiaire ? Des pièces tout en volume, que je qualifie volontairement de “bourgeoises”, et que je m’amuse à décaler.
Vous avez lancé votre marque il y a deux ans, en 2020. Quelles étaient vos motivations ?
Il faut que je remonte le fil de l’histoire particulière que j’ai tissée avec la mode. J’ai toujours su que j’étais créative, mais, pour entrer dans le moule, j’ai d’abord fait des études de commerce. Puis, j’ai suivi mon instinct avec un BTS de stylisme-modélisme.
Via ces études, j’ai travaillé pour un façonnier de Sonia Rykiel Enfants. Cette expérience m’a ouvert les portes de cette maison. J’ai été durant trois ans aux côtés de Nathalie et de Sonia Rykiel. Une très belle aventure !
J’ai ensuite privilégié ma vie personnelle et ai donné naissance à cinq enfants. Oui, cinq ! Sans jamais m’arrêter de créer ! Je dessinais, je fabriquais des bijoux, j’imaginais des vêtements couture… Pendant toutes ces années, j’ai toujours pensé à fonder ma marque. Le projet a mûri doucement et quand je me suis sentie prête, je lui ai donné vie.
Pour vous, la marque Prune Goldschmidt, c’est quoi ?
Je propose une ligne conçue avec générosité pour toutes les femmes. Mon parcours de vie m’a appris à quel point il est important de créer des vêtements qui les flattent et qui s’adressent à toutes les silhouettes. Je ne veux en laisser aucune de côté !
— Habitée par la question, Prune se renfonce dans son siège et jette son regard au loin. Une manière pour elle de se concentrer sur le propos, sans être perturbée par le bruit ambiant qui règne dans le café Rose Bakery. Elle poursuit.
Vos créations sont particulièrement fantasques, et très volumineuses ! Ça veut dire quelque chose ?
La marque Prune Goldschmidt donne de la puissance aux femmes. Nous sommes des êtres exceptionnels. L’identité de la marque est assez bourgeoise, mais avec une pointe d’ironie et de décalage ! Le pas de côté est illustré par ces jeux de volume.
J’avais envie de placer les femmes dans une sorte d’écrin. C’est ainsi que m’est venue l’idée de doter mes chemises de corolles, qui habillent élégamment le cou. Ce sont les modèles phares de ma marque.
“Mes pièces sont des écrins de puissance pour les femmes”
- Prune Golschmidt, créatrice
Et ça n’est pas trop compliqué à porter ?
Pas du tout, au contraire. Les corolles des chemises confèrent un port de tête assez magistral. Cette façon de se tenir, induite par la chemise, donne de la force à toutes celles qui la portent. Je travaille aussi le volume au niveau des manches. L’idée est de construire la silhouette en élargissant un peu la carrure. J’ose croire que les femmes ont davantage confiance en elles avec ce type de vêtements pleins de caractère.
— Tout en parlant, la créatrice, habillée de la chemise “Prune”, la pièce vedette de sa marque, joue avec son col corolle, une armure d’un genre nouveau.
Qu’est-ce qu’on ne verra jamais chez Prune Goldschmidt ?
De la tristesse. Ce que je souhaite par-dessus tout, c’est apporter du bonheur aux femmes. C’est pour cela que je fais toujours attention à l’équilibre des couleurs et à la lumière dans mes collections. En définitive, j’ai plus l’impression d’exécuter une sorte d’expression artistique que de la mode. Quelque chose qui pourrait, via le vêtement, provoquer chez elles des émotions douces.
— Prune Goldschmidt s'arrête de parler pour remuer avec une paille en verre son jus vitaminé, dont la couleur orange intense la fascine. Et qui semble, déjà, lui donner mille et une idées de futures créations.