Les 6 confessions créatives de Jérôme Dreyfuss
Publié le 29 octobre 2024
Ce matin, La Gazette est conviée chez Jérôme Dreyfuss. Au fond d’une cour pavée du 3e arrondissement de Paris, un vaste atelier d’artistes aux inspirations japonaises regroupe showroom, bureau et lieu de rencontre. Entre les larges fenêtres et les murs en bois, Jérôme nous accueille chez lui.
Pour Les Confessions Créatives, le créateur convie La Gazette à s’installer dans l’écrin de son bureau-atelier parsemé d’échantillons de cuir et d’inspirations accrochées au mur. Il revient sur 6 confessions qui ont marqué plus de 20 ans de création. Après tout, « la marque s’est construite sur une succession d’anecdotes du quotidien » souligne l’intéressé.
©Le Bon Marché Rive Gauche
Une envie
« Avant de créer des sacs, je voulais rendre service aux femmes qui m’entouraient. L’esthétisme de la marque est venu de sa praticité. Les sacs qui tiennent tout seuls sont rarement pratiques. Je voulais créer de l’utile qui réponde à de vrais besoins de manière chic et décontractée. La fonction a signé l’allure de nos sacs. »
Un sentiment
« À l’origine, j’avais cette envie de créer une marque décomplexée, rieuse et utile pour désacraliser une certaine forme de prétention qui peut être perçue dans ce milieu. Plutôt que de grands discours marketing, j’ai toujours privilégié la sincérité. Lorsque je finis un prototype, je me place devant mon miroir et je me demande « est-ce que j’achèterai ce sac à ce prix ? ». Si oui, nous lançons la production. Si non, nous poursuivons le travail. »
« Mon inspiration vient des femmes qui m’entourent : dans la rue, dans ma vie, au travail. Quand je suis perdu, je traverse les bureaux et je leur demande « de quoi avez-vous besoin ? ». Et pour une fois, on m’autorise l’interdit : regarder dans le sac des filles. »
– Jérôme Dreyfuss, fondateur de JEROME DREYFUSS
Une anecdote
« Nous avons arrêté il y a peu de temps, mais nos premiers sacs possédaient une petite lampe torche. Ce détail est né des week-ends que je passe avec ma femme et mon fils dans notre petite maison dans la forêt. À chaque fois que nous arrivions, nous vidions nos sacs à la recherche des clés. Cette petite lumière nous a d’abord aidé nous, puis toutes les femmes à la recherche de leurs clés ensuite. »
Une humilité
« Légalement, nous sommes contraints d’apposer le nom de la marque — donc mon nom, sur chacune de nos pièces. Si j’avais le choix, je préfèrerais signer mes créations de nos trois rivets, ce petit détail devenu notre signature. »
« À mes débuts, en plein apprentissage et par faute de moyen, je ne mettais pas de doublure. Les clous pour assembler les pièces de cuir étaient alors visibles de l’extérieur et ces trois rivets sont un détail que nous avons conservé depuis, comme signature de la marque. »
– Jérôme Dreyfuss, fondateur de JEROME DREYFUSS
Une matière
« Le cuir a été une évidence pour moi. C’est le plus vieux geste de recyclage au monde. Les tanneurs avec qui nous travaillons depuis plus de 20 ans, en France et en Italie, réalisent une soixantaine d’opérations sur les peaux que nous récupérons. C’est une matière souple, durable et respirante aux possibilités infinies, allant de l’embossage à la teinture en passant par le dessin. »
Une personnalité
« Mes sacs ont des noms d’hommes. Une manière de replacer la femme au premier plan. L’homme est un compagnon, ce détail qu’elle choisit et trimballe au bout du bras. Je crois que je me souviendrai toujours de cette lettre que j’ai reçue un jour d’une cliente : « Cher Monsieur, je vous déteste, moi qui vivais une folle histoire avec mon sac Billy, j’ai rencontré Momo… et je ne sais pas comment le dire à Billy. » Je crois qu’il n’y a rien qui pourrait mieux définir ma marque que ces quelques mots. »