L’interview-café de Louise Damas

Rencontre
Rencontre

Publié le 30 septembre 2024


L’interview-café est un rendez-vous mensuel de La Gazette du Bon Marché. Et par « rendez-vous », on veut dire qu’il est à la fois digital et physique — un moment partagé en magasin, que l’on vous raconte ici.

 

En cette rentrée 2024, rendez-vous est pris avec la créatrice Louise Damas, au 1er étage de La Grande Épicerie de Paris. Installée au restaurant La Table, elle nous confie l’histoire de sa marque éponyme dont les bijoux sont à (re)découvrir lors de l’exposition Paris, Paris !


©Le Bon Marché Rive Gauche

Rencontre

Bonjour Louise, quel plaisir de vous retrouver pour l’exposition Paris Paris ! 

Bonjour ! Je suis très fière de faire partie du tableau de la création parisienne à l’occasion de cette exposition. C’est une belle opportunité pour mettre en valeur notre savoir-faire et notre art de vivre. 

 

— C’est d’abord son sourire que l’on remarque en premier. Lumineux, comme ses créations. Louise boit une gorgée de thé vert et attrape une viennoiserie disposée sur la table.  

 

L’exposition est tournée vers la capitale française, l’influence parisienne est-elle importante pour vous ? 

Étant née et vivant à Paris, il y a certainement une part d’influence parisienne : son architecture, sa culture, ses habitants, leurs styles. C’est une vraie richesse, surtout en ayant nos ateliers ici, à Paris. Je suis convaincue qu’en connaissant bien les équipes et leurs savoir-faire, on crée mieux. 

 

Pouvez-vous me parler de votre processus de création ? 

Je crée d'abord un premier bijou. Un modèle que je décline ensuite sur toute une collection. J’esquisse quelques dessins et premières intentions dans un carnet avec des flèches, des légendes et de petites notes.  

 

— Louise nous confie qu’elle ne sait pas dessiner, confidence qu’on ne peut s’empêcher de contester. 

 

J’aime bien cette idée de carnet, car je peux revenir à d’anciens croquis. Pour la dernière collection, je suis partie d’une médaille inspirée des estampes japonaises [gravures sur bois traditionnelles, NDLR]. Je voulais reproduire le mouvement de l’eau, les superpositions, et la perspective si particulière de cet art.

Et vous déclinez ensuite cette intention sur toute la collection ? 

Oui et non. Ce premier bijou va en effet donner le ton. J’ai par exemple imaginé des créoles qui reprennent le mouvement des vagues, mais de façon plus aérée. Je m’attache néanmoins à construire une collection comme un camaïeu de pièces éclectiques, différentes les unes des autres. Pour tous les goûts, toutes les humeurs et toutes les personnalités.  

 

Où puisez-vous l’inspiration qui construira chaque collection justement ?

J’ai une vraie dualité et m’inspire autant de l’effervescence de Paris que de la nature qui m'entoure. L’inspiration se trouve aussi parfois dans de petits riens.

 

— Rieuse, Louise nous raconte l’une de ses dernières inspirations : le mouvement (en courbe) et la couleur (irisée) du savon noir lors de la préparation nocturne de ses produits ménagers. Une véritable artiste !

Est-ce que créer votre marque a toujours été une évidence pour vous ? 

Pas vraiment ! Tout s’est fait de manière assez naturelle et organique. Un soir, alors que j’étais en faculté de lettres, j’ai eu envie de me fabriquer un bijou. Même si c’était un peu du bricolage au début, je suis rapidement tombée amoureuse de ce travail minutieux de fabrication. J’ai continué et progressivement, les premières ventes se sont réalisées, puis les premiers marchés de créateurs, les premières rencontres entrepreneuriales et les premières années… qui passent. Aujourd’hui, la marque a 12 ans et nous sommes une équipe de dix personnes !

 

Vous avez tout appris en faisant, finalement ?

Je n’ai pas fait d’études dédiées. Si je rencontrais un créateur sur un marché, je lui demandais de m’expliquer son métier. Lorsque je sélectionnais des matériaux chez mes fournisseurs, je souhaitais qu’ils m'apprennent à utiliser ce que j’achetais. Ce sont ces rencontres et ces synergies qui m’ont permis à mes débuts d’apprendre le métier. 


Est-ce que vous continuez de « créer » vos bijoux ? 

Si je ne suis plus à la production, je reste en charge de la création. J’imagine chaque bijou. Et puisque je ne sais pas dessiner (elle rit), je crée les prototypes avant de les envoyer à mon atelier qui lance la production. Encore aujourd’hui, c’est ma partie préférée.

 

— Louise nous montre les boucles d’oreilles GALA qu’elle porte aujourd’hui. Un coquillage doré habillé d’une perle nacrée. Une création née du moule d’un véritable coquillage qu’elle a ensuite retravaillé pour préciser la forme et ajouter les nervures. 

 

Vos créations évoluent… recyclage et philosophie raisonnée sont deux éléments importants chez Louise Damas. Pouvez-vous m’en parler ? 

Je me soucie de mon empreinte carbone et de l’état du monde que j’aimerai léguer à mes enfants, c’était donc naturel de faire évoluer ma marque dans ce sens. L’or que nous utilisons est recyclé. Nos stocks sont également assez succincts. Cela nous permet d’ajuster la production selon les envies de nos clientes et de ne pas surproduire.  

 

Les bijoux ont une multitude de pouvoirs. Ils racontent une histoire, laissent entrevoir une personnalité, assument un style. Autant de convictions que Louise Damas interprète dans chacune de ses créations.